La nuit fut chaude à l'intérieur du gîte mais pas telle que vous l'imaginez bande de petits coquins... Après les chaussures de montagne inadaptées aux conditions méditérranéennes, je me rends compte aujourd'hui que mon sac de couchage en duvet ne m'est d'aucune utilité ici. J'ai vraiment préparé ce voyage comme un "petit mickey" ! (L'avenir me montrera qu'il a toute son utilité dans le nord de l'Espagne !)

Après un petit-déjeuner interculturel, le premier à être sur la ligne de départ du Camino, c'est le Canada suivi de près par la Belgique et plus tard par la Hollande. Je ne dois pas faire un grand effort de repérage me dis-je, je n'ai qu'a suivre Hans ! Mais ma balise jaune a quelques ratés ce matin : elle est loin d'être aussi fiable que l'Argos car à deux reprises je dois la mettre sur le bon chemin.

Les conditions climatiques sont idéales pour marcher : ciel voilé, soleil peu présent, léger vent... A la sortie de Guillena, le chemin traverse un Rio bordé de roselières. Mes vieux réflexes ornithologiques remontent à la surface et je me décide à sortir ma paire de jumelles de mon sac à dos. C'est le royaume des Ardéidés avec la présence du héron cendré et du héron crabier. Mais la "coche incroyable" est au rendez-vous avec des becs de corail quelques centaines de mètres plus loin.

Aujourd'hui c'est une étape de 19 km qui m'attend sur les contreforts de la Sierra del Norte (ou Morena). Le chemin traverse d'abord des plaines et des plateaux cultivés, des oliviers et des orangers où la faune semble quasi inexistante. Ensuite on rentre dans la "Dehesa", des chênaies ouvertes à perte de vue, paturées par des vaches à la belle robe noire. Ici c'est le royaume de la Perdrix rouge, de la pie bleue, de la fauvette mélanocéphale, du bruant proyer ou encore de l'alouette lulu. Malgré que les floraisons soient terminées, les cistes desséchés embaument encore le chemin de leurs senteurs.

Allez savoir pourquoi, l'imagination est très fertile lorsqu'on chemine. Les chênes arborent des glands qui ont des formes suggestives, différentes des glands du nord. Ici, deux espèces, deux formes ou deux calibres se disputent la campagne : le gland "suppositoire" à la cupule lisse et au fruit allongé et le gland "Ivan Rebroff" à la cupule dentée et au fruit plus trapu.


Rassurez-vous, je ne suis pas en train de perdre la boule... et des réalités plus physiques s'imposent à moi : j'ai des ampoules, autrement dit des cloques, au pied gauche. Elles ne me font pas encore souffrir atrocement mais je sais que si je m'arrête, j'aurai toutes les peines du monde à redémarrer. Aussi je continue sans m'arrêter si ce n'est pour boire jusqu'à Castilblanco de los Arroyos. Les quatre derniers km ne sont pas des plus agréables car ils cheminent quasi le long de la Nationale.

Arrivée à 13h à Castilblanco, soit un peu plus de 3h30 pour parcourir les 19 km. L'auberge des pèlerins est propre, calme, avec une terrasse qui invite au repos. Mais la priorité est à la douche et au nettoyage de mes vêtements. Pour mes pieds, je verrai ce soir...

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