Tout avait pourtant été planifié et bien commencé dans ma tête en me levant ce matin. Faute de pouvoir faire les deux prochaines étapes du GR 11, j’allais prendre le bus matinal vers Ainsa et un autre vers Torla d’où j’aurais pu rejoindre Bujaruelo.

C’était sans compter sur la malchance car le bus de 7h15... était en réalité le bus de... 6h45. Ai-je mal compris, je ne sais pas... Dans tous les cas, en Espagne, plus d’une fois j’ai pu constater que les informations sont souvent aléatoires et mieux vaut les confirmer par plusieurs sources. En attendant, je me retrouve à faire du stop à 7h30 le long de la Nationale, peu fréquentée ce matin. Les seules voitures qui passent, soit me font signe qu’ils ne vont pas loin, soit m’ignorent superbement. Quand aux passagers de voitures plus propres et brillantes que de l’argenterie dans une vitrine, ils tirent une tête de bourgeois, trop riche et trop bien « éduqué » que pour avoir fait un jour de l’autostop et savoir les difficultés que cela représente. J’avoue, je suis désabusé par tous ces gens au goitre thyroïdien prononcé qui me regardent avec leurs yeux vitreux, d’autant plus qu’un vent froid soufflant de la montagne me glace les os et que le soleil tarde à se lever au-dessus des crêtes et à me réchauffer.

Trois heures plus tard, je suis toujours là au bord de la route et, las de cette situation, envisage les scénarios catastrophes les plus décourageants :
  1. Scénario 1 : je retourne à Pineta pour prouver à tous ces nuls que ce que d’autres peuvent faire avec crampons, moi je peux le faire sans crampons et avec 18 kg sur le dos. Si, monsieur !
  2. Scénario 2 : je ne veux plus voir toutes ces faces de nuls, je vais à Zaragoza et prends le premier billet Ryannair pour Bruxelles...
Comme vous pouvez l’imaginer, je suis très excédé ! C’était sans compter sur la gentillesse de Mauricio, un madrilènien d’une cinquantaine d’années, en vacances dans la région avec des amis et qui m'embarque. Coincé pour des questions de santé, il n’a pu accompagner ses camarades en balade mais a prévu de les retrouver ce matin peu avant Ainsa. En route nous papotons et très rapidement sympathisons, ce qui me redonne confiance en la nature humaine pour envisager le scénario 3 de départ, à savoir poursuivre le GR 11 après Bujaruelo ! Mauricio, dans sa grande bonté, me propose de continuer et de me dépose à Ainsa, ce qui m’évite de devoir refaire du stop... et de peut-être à nouveau envisager les deux autres scénarios.

Ainsa, 12h00. Le bus pour Torla se prend à 14h15 devant la caferaria – restaurant Pirineos. La vieille ville mérite le détour avec ses petites ruelles et ses maisons en pierres du pays. Elle est notamment réputée pour son festival de musique international (juillet) qui se déroule dans le superbe cadre du château. La température y est plus élevée qu’à Bielsa et, après mes mésaventures du matin, rien de tel que de profiter d’une terrasse de café sur la Plaza Major pour me reposer.
14h15 précise, le bus arrive. Il faut moins d’une heure pour atteindre Torla par la route qui longe la superbe vallée de l’Ara.

Pour un 21 juin, l’été a décidé de se présenter sous son plus beau jour : soleil et ciel bleu ! Et cela devrait se poursuivre les prochains jours. Croisons les doigts ! Je sors de Torla et la deuxième voiture qui passe s’arrête et me prend en stop. Pour la première fois de la journée, les dieux sont avec moi en la présence de... Jésus qui fait taxi en été. Et justement il va chercher un groupe de personnes au Refuge de Bujaruelo. Et en plus, il m’apprend que le lieu est aussi un des Chemins de Saint-Jacques. Je suis béni !

Ce soir, Je dormirai dans le refuge (13 €/nuit) et profite de pouvoir poser mon sac à dos pour me balader léger au bord de la rivière. Superbes paysages, superbes floraisons...

Bon à savoir : Deux possibilités s’offrent à vous si, comme moi, coincé par la neige, vous ne pouvez effectuer les étapes Pineta – Goriz –Bujaruelo :
  1. Rejoignez Bielsa à pied (11 km, 3 heures de marche) ou en stop. Loger à Bielsa (Hostal Pirineos : 25 € / nuit). Prendre un bus Bielsa (6h45) - Ainsa (*).  Visiter la ville d’Ainsa, très jolie. Ensuite prendre le bus Ainsa (14h15 devant le café-bar Pirineos) - Torla. Ensuite stop ou à pied (3 heures de marche) jusqu’à Bujaruelo. (*) Horaire différent année / juillet-août. Demandez confirmation des horaires de bus à la Cafeteria Pirineos d’Ainsa (Tél /Fax : 974 500 008 – 974 500 271).
  2. Prenez les GR permettant de contourner le massif (compter 2 jours de marche). Deux possibilités :
    1. Jour 1 : Bielsa == GR 19.1 ==> Lafortunada ==GR 19 ===> Ainsa (+/- 30 km, grosse journée de marche).  Jour 2 : Bus -> Torla.
    2. Bielsa == GR 19.1 ==> Lafortunada ==GR 15 ==> Fanlo ===> Broto (peu avant Torla).

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