C’est exténué que j’arrive à Sallent de Gallego vers 16h00. Tout avait pourtant bien commencé ce matin. Un chemin sans encombre jusqu’à l’Embalse de Bachimana Alto et aussi dans la montée enneigée vers le Col de l’Infierno. La neige est devenue désormais mon quotidien que j’ai appris à apprivoiser. Le calme de ces grands espaces dont le moindre son est absorbé par le tapis blanc, les pas lents qui rythment ma marche dans ces immensités immaculées extériorisent mes pensées.


A moins d’une demi-heure de marche, deux personnes me précèdent. Leurs traces fraiches, un grand pied et une plus petite pointure, tous les deux cramponnés... accueillent mes pas qui s’enfoncent dans les leurs jusqu’au Col de l’Infierno (2721 m) ! Encore un petit effort... je poursuis vers le Col de Terrabay ou de Piedrafita (2782 m).  Beauté sublime des paysages enneigés et, au loin, de l’Embalse de Respumos, mon prochain objectif. Mais un stress m’envahit : plus de trace de mes deux randonneurs pilotes et les pentes, enneigées et abruptes, sont particulièrement vertigineuses et certainement glissantes. Et pas la moindre idée d’un éventuel passage à prendre...

Le topo-guide ne me rassure pas davantage : « Descendez (NE) par une goulotte très raide. En présence de neige, un encordement peut s’avérer nécessaire (gloups !) pour assurer un randonneur peu expérimenté ». C’est pas que je sois  « peu expérimenté » mais là, j’ai beau regarder à droite, à gauche : à part le versant raide et vertigineux qui m’invite droit dans le précipice, je ne vois pas d’issue de secours. Je dois prendre une décision. Faire marche arrière ne m’enchante guère... Tenter un passage par la pente raide ? Téméraire, mais pas fou ! (Je croiserai 9 jours plus tard « mes » deux randonneurs qui me confirmeront que le passage, sans crampons, était très risqué).


A l’aide de mon guide et de ma boussole, j’entrevois une autre solution : descendre, en hors-piste, vers une vallée qui mène à  Sallent de Gallego et que je distingue au SO. Mais avec le risque, étant donné que je ne distingue pas tous les dénivelés, de me retrouver face à une paroi abrupte, infranchissable. Cela me semble toutefois jouable, je prends le risque. Ici pas de chemins, pas de sentiers, pas de marques ni de kairns... j’avance  à l’intuition. J’en ai plein les pieds de marcher dans la caillasse et arrive, après 4 heures d’une lente progression, aux abords du village. Une prairie, un ruisseau, je m’effondre, exténué et en nage.
A la rivière, vite... Ensuite, direction el pueblo, el mercado y el bar

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